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Le tourisme, un cadeau parfois empoisonné

Article rédigé par Solène Castonguay

L’été dernier, les vols internationaux étaient fortement déconseillés et celles et ceux qui désiraient voyager à l’intérieur du pays rencontraient de nombreux obstacles. La solution pour la plupart fut de redécouvrir notre province, mais à quel prix pour la nature et l’environnement ?

Pollution des plages gaspésiennes

L’une des destinations préférées des Québécois et des Québécoises l’été dernier était la région de la Gaspésie–Iles-de-la-Madeleine, où les visiteurs.euses et les campeurs.euses affluaient en beaucoup plus grand nombre qu’à l’ère prépandémique. Malheureusement, qui dit tourisme, dit déchets : c’est un constat qui n’est pas difficile à formuler. Il serait bien temps de stopper ce fléau qui s’est répandu aux quatre coins de la planète. Et non, ce n’est pas la COVID-19 à laquelle on fait mention ici. Si au départ, les Gaspésiens et les Gaspésiennes étaient bien contents.tes d’accueillir des villégiateurs.trices dans leur région pour permettre un regain de leur économie locale, leur opinion est nettement différente maintenant et certains.nes craignent même leur arrivée. Les députés.ées municipaux ont dû intervenir dans la gestion de ce dossier en demandant une surveillance accrue dans les zones plus problématiques. Cependant, le manque d’effectifs policiers rend la tâche plus compliquée…

Des déchets en haute altitude
Parc national Jasper – Alberta ©Tim Gouw – Unsplash

Le problème des dépôts sauvages n’est pas présent qu’en Gaspésie, c’est aussi le cas dans le parc de Jasper, en Alberta, sur le glacier Columbia. Quinn Turner et Eric Kitteringham, des adeptes de l’escalade des glaciers qui passaient dans le coin, consternés de voir l’état des lieux, ont pris la responsabilité d’une corvée de nettoyage, voulant redonner à la nature son apparence antérieure. Les deux hommes souhaitent que les prochains.nes visiteurs.euses respectent cet espace en profitant de ses plus beaux attraits, mais également qu’ils.elles puissent bénéficier de l’endroit sans délaisser des déchets à leur tour. Bref, il faut retenir que les activités sportives ne doivent pas être effectuées aux dépens de l’environnement.

Les mascottes olympiques aux poubelles

Le tourisme a aussi un impact direct sur les boutiques de souvenirs des Jeux olympiques de Tokyo. Parmi les quatre-vingt-dix magasins officiels ouverts au Japon, le Comité organisateur avait prévu des revenus de cent-millions de dollars grâce à la vente de produits dérivés. Il est très probable que les centaines de milliers d’articles produits ne trouvent jamais preneur.neuse. Une partie de ceux-ci sera achetée par de rares collectionneurs.neuses qui souhaiteront garder un souvenir de cet évènement.

Conclusion

En bref, il faudrait repenser notre manière de voyager pour conserver les mêmes passetemps sans faire de tort à l’environnement. Il n’est pas nécessaire de se priver d’excursions et de découvertes, il suffit de contrer ses effets néfastes que notre planète doit encaisser.

Sources

WADE, Stephen (2020). Les souvenirs des JO de Tokyo invendus, objets de collection en cas d’annulation, La presse, [En ligne]. https://www.lapresse.ca/sports/jeux-olympiques/2020-05-11/les-souvenirs-des-jo-de-tokyo-invendus-objets-de-collection-en-cas-d-annulation

Radio-Canada (2020). Conjuguer afflux de touristes et mesures sanitaires en Gaspésie, [En ligne]. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1721205/coronavirus-tourisme-perce-clinique-depistage-covid-19

JOBIN, Maryse (2019). Parc de Jasper : des déchets abandonnés sur le glacier Columbia, [En ligne]. https://www.rcinet.ca/fr/2019/08/19/parc-jasper-dechets-abandonnes-glacier-columbia/

Radio-Canada (2021). Attente et incertitude pour l’industrie du tourisme gaspésienne, [En ligne]. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1791712/regle-sanitaire-gaspesie-ete-2021-sante-publique-covid-19-tourisme

KOENIG-SOUTIÈRE, Arnaud (2020). Tourisme en Gaspésie : « On s’est fait envahir », [En ligne]. https://www.journaldequebec.com/2020/07/27/tout-le-monde-debarque-ici-cest-le-desastre

Kamikatsu, la ville la plus « zéro déchet »

Justin Laperrière

Saviez-vous que Montréal est signataire de la déclaration Advancing towards Zero Waste et vise à atteindre le zéro déchet d’ici 2030 ? En effet, le Plan directeur de gestion des matières résiduelles (PDGMR) de l’agglomération de Montréal 2020-2025 prévoit une baisse de 10 % de la production de résidus en 2025 et de 20 % en 2030. Il vise également un taux de détournement de l’élimination de 70 % pour 2025 et de 85 % en 2030.

Malgré ces objectifs ambitieux, est-ce que leurs atteintes placeraient Montréal dans le palmarès des villes qui tendent vers le zéro déchet ? Peut-être. Si l’on suit la Zero waste international alliance (ZWIA), pour être une ville zéro déchet, le taux de détournement de l’enfouissement et de l’incinération doit atteindre 90 %, ce qui ne correspond pas à l’objectif de Montréal à l’heure actuelle (mais on n’en est pas loin !). La question se pose, est-ce qu’il y a une ville sur le globe qui peut être considérée zéro déchet ? Oui ! Son nom : Kamikatsu.

Kamikatsu est une petite ville montagneuse sur l’ile de Shikoku, au Japon. Avec une population de moins de 2000 habitants, il s’agit de la cinquième ville la plus petite du pays en termes de population. Puisque la ville rurale se trouve à 1 heure de Tokushima, la seule grande ville du coin qui dispose des infrastructures nécessaires pour gérer pleinement les matières résiduelles, Kamikatsu a longtemps fait usage de petits incinérateurs locaux. Cependant, face à de graves enjeux environnementaux et de santé, la municipalité a rapidement pris un virage écologique.

Comment est-ce que Kamikatsu fait son zéro déchet ?

L’approche que la ville nippone prend depuis 2 décennies est le : « apportez vos propres résidus ». Quand on dit d’apporter ses déchets, c’est TOUT apporter. À Kamikatsu, il n’y a pas de collecte à domicile. On demande aux résidents-tes de déposer leurs déchets dans 45 bacs de tri différents, répartis en 13 catégories de matières. Par exemple, il y a cinq catégories de métaux, six de plastiques et neuf de papiers. De plus, il ne s’agit pas uniquement d’apporter l’ensemble des déchets à un endroit. Il faut les laver, les sécher et les trier convenablement. Présentement, c’est plus de 80 % des résidus de la ville qui sont méticuleusement recyclés grâce à un vrai tri à la source (l’efficacité d’un tel tri est largement supérieure à ce que l’on connait à Montréal avec la collecte pêlemêle du recyclage). Le reste des déchets est soit envoyé à l’enfouissement soit à l’incinération dans la ville voisine.

L’approche pédagogique

Comment est-ce que la population est arrivée à changer complètement sa manière de gérer les matières résiduelles ? L’information, la sensibilisation, mais surtout, l’éducation ! La réussite du concept est bien entendu intimement liée à la volonté des habitants, mais également à un incitatif basé sur un système de pointage. Comment est-ce qu’on peut en gagner ? Il suffit de refuser les articles jetables, comme les sacs de plastique ou les tasses de carton. Les résidents-tes peuvent ensuite dépenser leurs points pour acheter des articles réutilisables !

Comme on peut s’y attendre, il y a une partie de la population plus réfractaire à une telle gestion des matières résiduelles. Certains-nes résidents-tes jugent que le système est trop contraignant et nécessite du temps qu’ils n’ont tout simplement pas. Malgré les réticences, le système fonctionne à Kamikatsu. Le cout pour gérer les matières résiduelles a largement diminué grâce au tri à la source, en raison de l’augmentation considérable de la valeur des matières sur le marché. Pour vous donner une idée, cela coute aujourd’hui le tiers de recycler les résidus qui étaient autrefois incinérés. Ça ne parait peut-être pas, mais c’est dispendieux de jeter des ordures ! À Montréal, même si on ne voit pas de facture arriver par la poste ou par courriel, le cout de gestion des matières résiduelles est bien là, intégré dans les comptes de taxes.

Qui plus est, lorsque la décision a été prise de changer du tout au tout la gestion des résidus de Kamikatsu, les décideurs-euses ont fait le choix de fournir un composteur électrique à tarif avantageux à l’ensemble des résidents-tes. Pour vous donner une idée du succès de cette décision, 97 % des ménages ont fait l’acquisition de ces composteurs ! Résultat : depuis déjà quelques décennies, on ne trouve presque plus de matières organiques dans les poubelles.

Le Kuru-kuru shop

Bien entendu, Kamikatsu ne fait pas uniquement du recyclage et du compostage. Autrement, on ne pourrait pas dire que la ville tend vraiment vers le zéro déchet. Le « Kuru-kuru shop », une traduction japonaise de « magasin circulaire », est un magasin qui propose gratuitement une tonne de produits encore utilisable, comme du linge, des jouets, de la vaisselle. Si les objets ne trouvent pas preneur, ils finissent par être détruits avant d’être triés à travers les 45 catégories de Kamikatsu.

La ville possède également un centre artisanal de fabrication de petits objets ainsi que de vêtements conçu à partir de vieux morceaux de linge. D’autres bons moyens pour produire moins de déchets !

Aujourd’hui, est-ce que Kamikatsu est en mesure d’atteindre son objectif de détourner de l’enfouissement ou de l’incinération 100 % de ses déchets ? Non. Pour y arriver, il faudrait une implication de l’ensemble des producteurs et acteurs de la chaine d’approvisionnement, ce qui serait une tâche ardue. Cependant, est-ce qu’elle arrive à détourner 90 % de ses déchets de l’enfouissement et de l’incinération ? Certainement !

Conclusion

Est-ce que le modèle de Kamikatsu est applicable à Montréal ? Non, mais il y a moyen de s’en inspirer. Le succès de Kamikatsu montre que les points de dépôts peuvent être ultra efficaces lorsqu’on a une population motivée. Un tri plus sélectif est toujours préférable à un tri pêle-mêle qui laisse passer beaucoup de contaminants. Un bon exemple actuel est le recyclage du verre grâce aux conteneurs de la Place Fleury et au District central, tous deux dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Ces conteneurs permettent de récupérer le verre, et uniquement le verre, afin d’en assurer le recyclage sans les contaminants les plus fréquents (papier/carton, plastique et métal). D’autres bons exemples sont les points de dépôts pour collecter les petits équipements électroniques, les piles et batteries, les crayons, les lunettes, les cartouches d’encre, la peinture et les ampoules.

Vous souhaitez faire un peu plus comme Kamikatsu ? N’hésitez pas à regarder les points de dépôts pour les matières résiduelles près de chez vous.  

Source :

Ministère de l’Économie, des Finances et de la relance (2019). Kamikatsu, ville pionnière du zéro déchet au Japon, [En ligne]. https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2019/05/07/kamikatsu-ville-pionniere-du-zero-dechet-au-japon

McCurry, Justin (2020). No-waste Japanese village is a peek into carbon-neutral future, The Guardian [En ligne]. https://www.theguardian.com/world/2020/mar/20/no-waste-japanese-village-is-a-peek-into-carbon-neutral-future

Greuner, Tabea (2020). Kamikatsu in Japan is transforming into a zero-waste town, Timeout [En ligne]. https://www.timeout.com/tokyo/travel/kamikatsu-in-japan-is-transforming-into-a-zero-waste-town

Ho, Sally (2020). Kamikatsu, The waste-free village of Japan, is setting an example for the world, Green queen [En ligne]. https://www.greenqueen.com.hk/kamikatsu-the-waste-free-village-of-japan-is-setting-an-example-for-the-world/

Zero waste international alliance (2021). Zero waste community certification, [En ligne]. https://zwia.org/zero-waste-community-certification/

Stories (2015). How this town produces no trash, Youtube [En ligne]. https://www.youtube.com/watch?v=eym10GGidQU

CGTN (2021). Assignment Asia: Japan’s zero waste town, Youtube [En ligne]. https://www.youtube.com/watch?v=Xqau-sCWE-Q Ong, Roger (2020). Kamikatsu ‘s zero waste center “WHY”: it’s finally complete, Zenbird [En ligne]. https://zenbird.media/kamikatsus-zero-waste-center-why-its-finally-complete/