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L’origine du sapin de Noël

Rédigé par Benoit Plantard

Photo : wal_172619

L’arbre qui cache la forêt

Nous sommes au mois de novembre, il est tard. Les manteaux s’épaississent, les tuques font timidement leur apparition, les bottes d’hiver commencent à faire résonner dans les rues le bruit typique d’une feuille d’arbre qu’on écrase. Là où avant le soleil veillait tard, c’est maintenant la nuit qui se pointe en avance et avec elle son compagnon : le froid, qui vient subtilement embrasser de son étreinte vivifiante, le moindre bout de peau laissé à sa merci.

Mais le froid n’est que la souffrance des âmes mal habillées et ce n’est pas notre cas dans la famille ! On sait se couvrir chez les Plantards ! Ma sœur et moi décidons donc d’aller prendre une petite marche (en bon québécois) afin de nous aérer l’esprit et profiter du parc qui borde le quartier où l’on vit. Nous enfilons nos plus chauds habits, nos bottes et nous voilà partis dans ce que les plus éminents spécialistes appellent une « marche digestive » (aucun éminent spécialiste n’a été contacté par l’auteur pour vérifier cette information). Nous marchons longtemps, parlons de tout et de rien, surtout de rien. Après avoir abordé la géopolitique mondiale, notre situation personnelle et surtout après avoir tenté de produire une liste de cadeaux potentiels pour nos êtres chers.

Ma sœur pose une question :

  • D’où ça vient les sapins de Noël ? 

Devant mon air perplexe, elle précise :  

  • On a toujours connu les sapins de Noël, toujours fait des sapins de Noël pour les fêtes, mais personne ne nous a jamais expliqué pourquoi on devait avoir un sapin. D’où ça vient ? A-t-on toujours eu des sapins de Noël ? Est-ce qu’un jour quelqu’un a mis un sapin au milieu du village et cette personne portait le nom de Noël, on a donc décidé que les sapins porteraient le nom de sapin de (monsieur, madame) Noël ?

Elle s’arrête, me regarde. Elle semble attendre une réponse de ma part. N’ayant pas la réponse, on essaye de comprendre, on émet des hypothèses pour finalement arriver à une conclusion commune : on n’en a aucune idée…

Heureusement, nous vivons dans un monde où le savoir universel est concentré au bout de nos doigts et dont les gardiens sacrés portent des noms comme Google ou encore Wikipédia. Nous demandons donc au grand Google s’il connait l’origine du sapin de Noël. Et là, surprise ! Il la connaissait ! Comme je suis d’un naturel partageur, laissez-moi vous raconter l’origine du sapin de Noël…

Mon beau sapin, roi des forêts…

En fait, il est difficile de savoir précisément d’où nous vient cette tradition. On sait que depuis l’Antiquité, des branches de conifères sont utilisées rituellement lors des fêtes de célébration païenne (comprendre ici polythéiste ou sans religion) du solstice d’hiver. À cette époque et dans de multiples cultures, elles représentent « la victoire de la vie et de la lumière sur la mort et la pénombre » nous explique le Professeur Carol Cusak de l’université de Sydney.

La plupart des récits et des légendes contemporaines qui mentionnent l’utilisation d’un sapin trouvent leurs origines dans les grandes forêts denses de conifère, notamment en Europe du Nord. À l’instar de la poutine au Québec, la Lettonie et l’Estonie se disputent la paternité du premier sapin de Noël. Le premier ferait remonter cette tradition en 1510 et le second en 1441. On retrouve même dans Riga (Lettonie) une plaque commémorative qui indique le lieu où fut installé le premier sapin de Noël. Cependant beaucoup d’historiens ne partagent pas cet avis et estiment que cette commémoration n’avait certainement aucun lien avec Noël.

Non c’est plutôt dans l’Allemagne du 16e siècle qu’il faut chercher notre réponse. Plus particulièrement en Alsace (à l’époque cette région appartenait au Saint-Empire romain germanique). On retrouve dans les archives historiques la mention d’un sapin installé devant la cathédrale de Strasbourg en 1539. La tradition est devenue tellement populaire dans la région que les pouvoirs locaux ont dût interdirent en 1554 l’abattage de sapins de Noël afin de préserver la forêt.

C’est finalement lorsque certaines familles royales s’emparent du concept qu’on observe une démocratisation dans toute l’Europe. La Reine Charlotte, d’origine allemande et épouse du roi d’Angleterre George III aurait été la première à introduire le sapin au sein d’une famille royale. Mais c’est une autre reine britannique, la Reine Victoria alors grande faiseuse de mode qui, en 1848, grâce à une photo, séduit le monde entier et popularise l’utilisation du sapin de Noël dans les foyers européens. Cette tradition voyagera au fil du temps.

Voilà mes amis, l’origine du sapin de Noël…

Et pour les plus curieux.ses, je vous propose un complément d’information sur le sapin de Noël dans le monde.  

Pour en savoir plus :

Bibliographie

Mars, J. H. (2013, octobre 2013). Le premier arbre de Noël en Amérique du Nord. Récupéré sur l’encyclopédie canadienne : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mon-beau-sapin-roi-des-forets

MCKEEVER, A. (2020, 12 22). Sapin de Noël : entre histoire et traditions païennes. Récupéré sur National géographique : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/culture-histoire-paienne-tradition-sapin-noel

Sapin de Noël. (s.d.). Récupéré sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sapin_de_No%C3%ABl

Sapin de Noël : histoire et origine. (2021, janvier 8). Récupéré sur Noovomoi : https://www.noovomoi.ca/vivre/famille/article.sapin-de-noel-histoire-origine.1.1600155.html


Le sapin de Noël dans le monde

Photo : Stroganova – Russie

Ce texte est un complément d’information à cet article rédigé par Benoit Plantard

Des sapins illuminés aux États-Unis

La tradition allemande du sapin de Noël fit certainement son arrivée aux États-Unis à la fin du 18e siècle, lorsque les troupes de Hesse vinrent apporter leur soutien aux Britanniques pendant la guerre d’indépendance. Les immigré.ées allemand.es arrivèrent dans le pays avec leur tradition dans les années qui suivirent. Au fil du temps, le sapin de Noël « devint un objet de fascination pour les autres Américains », écrit l’historien Penne Restad.

C’est après 1850, lorsque le magazine de Philadelphie Godey’s Lady’s Book republia la scène du Noël de la famille royale tirée du Illustrated London News, que les familles américaines adoptèrent plus largement le sapin. Quelques modifications avaient cependant été apportées à l’illustration : la couronne de Victoria avait disparu, tout comme l’écharpe royale d’Albert, afin « d’américaniser » la famille.

Aujourd’hui, deux sapins de Noël adorés sont illuminés aux États-Unis dans le cadre du rituel de lancement de la période des fêtes de fin d’année. En 1923, le président Calvin Coolidge supervisa l’illumination des décorations du premier sapin de Noël national. 10 ans plus tard, en 1933, New York illumina le premier sapin au Rockefeller Center. Depuis, touristes et New-Yorkais sont nombreux.ses à venir l’admirer à l’occasion des fêtes. À l’exception de quelques Noëls dans les années 1940 en raison des coupures d’électricité pendant la Seconde Guerre mondiale, les deux sapins ont toujours été illuminés.

Un sapin de Nouvel An en Russie

La Russie a une longue tradition de sapins de Noël. Pourtant, ceux illuminés sur la place des cathédrales du Kremlin, chaque année en décembre, ne célèbrent pas Noël. Ce sont des arbres du Nouvel An, ou yolka en russe. Cette tradition est née pour donner suite à l’interdiction des sapins de Noël après la révolution russe.

Dans les années 1920, le gouvernement soviétique fraîchement arrivé au pouvoir se lança dans une campagne anticléricale. Les premières mesures prises portèrent sur les traditions considérées comme bourgeoises, à l’image de Noël. Les sapins et autres coutumes étant interdits, le régime laïc commença à encourager les citoyens à célébrer le Nouvel An à la place.

Le pouvoir soviétique finit par changer d’avis au sujet du sapin en 1935. Pavel Postyshev, un haut fonctionnaire soviétique, publia un article dans un journal dans lequel il suggérait aux familles de célébrer le 1er janvier avec « des sapins scintillants de toutes les couleurs ». Noël fit son retour en Russie dans les années 1990 avec la chute de l’URSS, mais la tradition de l’arbre du Nouvel An perdure.

Des bateaux de Noël en Grèce

Autrefois, les Grecs décoraient des bateaux de Noël plutôt que des sapins en l’honneur de Saint-Nicolas, saint patron du pays et protecteur des pêcheurs. Tandis que les familles plaçaient de petits bateaux en bois au sein de leur maison pour symboliser le retour de celles et ceux partis en mer, les embarcations illuminées occupaient une place d’honneur sur les places publiques des villes comme Thessalonique.

Aujourd’hui, le sapin de Noël fait de l’ombre au bateau. Quelques embarcations sont néanmoins encore visibles dans certaines communautés insulaires.

Des friandises comme décoration en Scandinavie

Depuis le 17e siècle, un jour de fête est dédié au retrait des décorations comestibles qui ornent le sapin de Noël des familles scandinaves avant de jeter ce dernier. Célébrée le 13 janvier, la Saint-Knut est nommée en l’honneur du roi Knut, qui régna au 11e siècle. Cette fête est surtout importante en Suède. Elle marque le 20e et dernier jour de Noël (dans les autres pays, cette période dure 12 jours).

Pour fêter la Saint-Knut, les familles accrochent des biscuits et autres friandises dans leur sapin à l’intention des enfants. Une fois que les décorations ont été englouties, tout le monde se met à chanter avant de mettre le sapin nu sur le trottoir. En Norvège, l’arbre est découpé et jeté dans la cheminée.

Maintenant que les Suédois retirent leurs décorations de Noël plus tôt, les traditions de la Saint-Knut sont quelque peu tombées dans l’oubli. Le folkloriste Bengt af Klintberg avait toutefois souligné en 2015 à l’agence de presse TT que la tradition perdurait dans les poèmes traditionnels du pays.

Des bûches qui « défèquent en Catalogne »

Il existe en Catalogne une autre tradition. Bûche creuse arborant un visage sur une extrémité, le Tió de Nadal prend place dans la maison des familles quelques semaines avant Noël. Les enfants doivent s’en occuper en l’enveloppant dans une couverture et en lui laissant de la nourriture et de l’eau chaque nuit. Le 25 décembre, ils donnent des coups de bâton au Tió de Nadal pour que celui-ci « libère » des cadeaux et des friandises, qui sont libérés d’un trou situé à l’arrière de la bûche.

Selon NPR, cette tradition pour le moins inhabituelle aurait pour origine un rituel païen au cours duquel on mettait le feu aux bûches pour rester au chaud pendant l’hiver. Quant à la raison pour laquelle la bûche doit « libérer » ses trésors, Carole Cusack pense que cela aurait un lien avec le Caganer, le santon d’un paysan en train de déféquer. Ce « chieur », comme on peut le traduire littéralement, représente « le monde à l’envers, une certaine période qui célèbre les pauvres ou les personnes en marge de la société tandis que les nobles sont rabaissés ». « Les fèces fertilisant la terre, le Caganer incarne donc les vertus civiques ».

Les vraies origines de ce rituel catalan restent toutefois mystérieuses. Comme pour de nombreuses autres coutumes relatives au sapin de Noël, elles pourraient être perdues à jamais.

Au Québec …

C’est à Sorel, au Québec, que l’arbre de Noël fait sa première apparition en Amérique du Nord, la veille de Noël de 1781, chez la baronne Riedesel qui reçoit un groupe d’officiers britanniques et allemands. Le pouding anglais est au menu, mais le clou de la soirée est le sapin aux branches décorées de fruits et de chandelles allumées, dressé dans un coin de la salle à manger. Après les douloureuses tribulations que sa famille a connu pendant les deux années précédentes, la baronne a décidé de marquer son retour au Canada par la traditionnelle célébration allemande.

Alors que le baron Frederick-Adolphus Riedesel commandait un groupe de soldats allemands envoyés par le duc de Brunswick pour aider à défendre le Canada, sa famille et lui avaient été faits prisonniers pendant la désastreuse offensive britannique dans le nord de New York en 1777. À leur libération, en 1780 seulement, ils sont revenus à Sorel.